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Accepter la maladie

Témoignage de Sarah Baril

Diagnostic de cancer du sein triple négatif de stade 3 en 2019

7 jours lourds en émotions se sont écoulés depuis l’annonce du cancer. J’ai encore l’impression d’être dans un rêve. C’est irréel. Du haut de mes 32 ans, je dois m’assurer que mes papiers sont en ordre au cas où la maladie m’emporterait. Je n’avais aucune idée de ce que la vie me réservait avant ce fameux 5 décembre 2019.

Dans les derniers jours, j’ai vécu un deuil, étape par étape. De la tristesse à la colère, je ne savais plus où me jeter.

La colère : Pourquoi moi! La vie est injuste!

Je suis en criss. Il n’y a pas d’autres termes pour l’exprimer. J’en veux à la terre entière. C’est injuste. La vie est injuste. Je savais déjà que notre monde était cruel en regardant les enfants mourir de faim à l’autre bout de la planète et les drames qu’on ne cesse de nous montrer à la télé mais jamais ne me pensais me retrouver face à une maladie grave à mon âge. Je ne l’ai pas vu venir. 

Je ne fais jamais de mal à personne. Il y a des gens purement mauvais sur cette terre et ils vont bien, eux. C’est pour me donner une leçon, c’est ça? Je n’ai pas assez donné au suivant? C’est l’heure de payer pour les quelques niaiseries que j’ai pu faire à l’adolescence? Ou La vie est juste purement cruelle sans raison…

Je ne veux pas mourir.

Le regard sur la photo qui accompagne ce texte cache une montagne d’émotions caché sous une grosse couche d’orgueil et de déni. J’ai appris deux jours plus tôt que j’avais le cancer, celui du type bien agressif qui veut ma peau. Je voulais oublier, faire comme si ce n’était pas réel. J’ai été chez des amis comme prévu avant la nouvelle. En pyjamas de Noël, j’ai fais mon possible pour passer du bon temps avec des gens que j’aime, mais je n’y arrivais pas. Mon chéri n’y arrivait pas plus. 

C’est impossible de décrire les émotions qui m’envahissaient à cet instant, mais je dirais que ce qui s’en approche le plus, c’est la sensation de me faire jeter en bas d’un immeuble et de tomber dans le vide. Une angoisse extrême, accompagnée d’une grosse peine. J’entend les autres parler de leurs projet, leur emploi, les enfants qui grandissent, les petits pépins anodins du quotidien, etc. Ça me déchire le cœur sans cesse parce que moi, je ne sais même plus si j’ai le droit d’avoir des projets ou d’oser penser voir mes enfants graduer de l’école primaire. 

J’avais beau vouloir être capable d’être forte et de passer à travers la soirée, je ne pouvais pas. J’ai pleuré comme un bébé au sous-sol avant de ramasser mes choses et de quitter chez moi avec ma famille. Une fois à la maison, j’ai pleuré, encore et encore. Il fallait que ça sorte. J’ai l’habitude de tout planifier et  maintenant, je fais face à l’inconnu total. Je réalise que ma vie est sur pause, mais que le reste du monde continue de tourner autour de moi. 

J’ai tellement peur de mourir. Je pense sans cesse à mes enfants, à mon chum, nos projets, notre mariage à venir. Je vais perdre mes cheveux, mes seins, et peu importe ce qui arrive, ma vie ne sera plus jamais la même. J’ai un énorme deuil à faire. Je suis en colère. Je me pensais « protégée » du cancer. Personne n’est protégé du cancer. C’est une pandémie qui empire à chaque année. J’imagine qu’il faut juste souhaiter ne pas être cette personne sur 3 qui aura un diagnostic. Dans mon cas, je ne peut plus espérer. Il est trop tard. J’ai le cancer. C’est terrifiant. 

L'acceptation

Je n'ai pas le choix. Je vais me battre et donner tout ce que j'ai pour tenter de m'en sortir. Je ne peux pas abandonner. Je ne peux pas mourir.

Doucement, à travers la peine et la colère, j’ai compris que je devais relever la tête et regarder vers l’avant en acceptant la maladie. Je ne peux changer les choses. Le cancer est là.

Ce que je peux faire, c’est me battre du mieux que je peux. J’ai rapidement trouvé des groupes de soutiens sur Facebook. avec des femmes qui traversent la même chose que moi. Sur ces groupes, j’ai découvert une écoute un partage incroyable, sans jugement ni tabou. Ça m’a fait un bien fou. 

J’ai acheté des livres d’histoires positives en lien avec la maladie. J’ai lu le premier en une soirée, puis j’ai retrouvé un brin d’espoir. J’ai compris que je ne pouvais pas baisser les bras. J’ai pris le temps de digérer la nouvelle.

Maintenant, c’est l’heure d’entamer la bataille.


Pour lire la suite : Jour 1 de chimiothérapie

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