témoignages & expériences sur le cancer, sans censure

témoignages, informations et outils sur le cancer du sein

Être soi-même, sans censure

Témoignage de Sarah Baril

Diagnostic de cancer du sein triple négatif de stade 3 en 2019

Quand j’ai reçu mon diagnostic de cancer, on m’a immédiatement parlé de perruques et des réductions accordées pour en acheter une. Ensuite, on m’a rassurée en me disant que les chirurgiens plastiques réalisent de superbes reconstructions mammaires de nos jours. Et si je ne souhaitais pas reconstruire, il ne fallait surtout pas oublier de demander mes prothèses gratuites. On m’a même suggéré de mettre des coussins dans une brassière spéciale pour simuler une poitrine bien ronde.
Mon monde s’est effondré, ma vie était en grand danger, et pourtant, on me parlait de cheveux et de poitrine. Cela n’avait aucun sens pour moi que ce soit la préoccupation première.

La pression sociale

Tout au long de ma maladie, on m’a parlé de mes seins. Mes proches, des connaissances, les spécialistes… Ils étaient tellement obnubilés par l’idée que je puisse avoir de nouveaux seins que cette inquiétude, qui n’existait pas auparavant, a commencé à émerger. La pression de notre société me rendait anxieuse.


Neuf mois plus tard, je n’ai plus de seins. Je ne porte pratiquement jamais de prothèse externe. Je ne vois pas pourquoi je devrais automatiquement arborer de faux seins alors que les miens ont disparu. Oui, j’ai parfois l’impression que les gens regardent ma poitrine en se demandant pourquoi elle est si plate. Ils ne connaissent pas ma situation. Ce n’est pas de la méchanceté, du jugement ou de l’impolitesse. C’est simplement de l’ignorance.


Quand je veux briser la glace, j’aborde le sujet avec humour pour essayer de rendre le mot « cancer » moins tabou. Ça ouvre généralement la porte à de très belles discussions. Je reçois souvent des confidences touchantes en échange de mes partages. Ça démontre à quel point le monde serait plus beau si on faisait preuve de plus d’ouverture et de transparence au quotidien. Pourquoi devrions-nous avoir peur de montrer le cancer, d’en parler sans faire semblant qu’il est tout rose? C’est peut-être précisément parce que nous refusons d’exposer au grand jour le véritable visage du cancer que les femmes ressentent encore le besoin de le cacher derrière des perruques, des prothèses et des filtres. Moi, je ne veux pas le cacher. J’ai envie d’en parler, sans censure.

Être tout aussi femme sans ses deux seins

En quoi le fait de perdre deux masses de tissus mammaires ferait-il de moi une femme moins féminine? Au contraire, mes cicatrices sont là pour me rappeler chaque jour cette force intérieure que je possède. Cette même force que chaque femme possède et qui nous permet de traverser des épreuves bien plus difficiles qu’elles n’y paraissent, comme l’accouchement par exemple.
Quand je vois des femmes publier des photos d’elles avec le crâne chauve, des seins reconstruits portant les marques du passé ou une poitrine plate avec de longues cicatrices, je les trouve si belles. Quand je vois une femme avec un ventre marqué de vergetures ou une cicatrice de césarienne, je trouve cela incroyable. Elles ont donné la vie! C’est comme si toute leur beauté intérieure émanait avec une telle puissance. À mes yeux, c’est cela qui brille. C’est cela qui devrait être en couverture des magazines, et peut-être alors que nos filles auraient la chance de grandir dans un monde un peu plus rose. 

femme souriante avec chandail jaune, mastectomie
Sarah Baril durant les traitements de chimiothérapie
femme avec un bandeau qui regarde par la fenêtre
trio de femmes souriantes, une femme avec un bandeau, sensibilisation au cancer
deux femmes torse de mastectomie

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Ma vie n’est pas juste la maladie

J’ai reçu mon diagnostic de cancer du sein inflammatoire en février 2017, à l’âge de 45 ans. Je sais que certaines personnes sont plus jeunes que moi lorsqu’elles reçoivent un tel diagnostic, mais le monde s’est effondré pour moi, et la vie ne sera plus jamais la même.

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