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Les deux visages du cancer

Témoignage de Sarah Baril

Diagnostic de cancer du sein triple négatif de stade 3 en 2019

Le visage joyeux du cancer

Il y a cette femme, d’un côté, qui voit la vie en rose malgré le cancer. Elle applique une jolie couche de maquillage le matin pour pouvoir en oublier un peu la maladie lorsqu’elle se regarde dans le miroir. Elle utilise le positivisme, regarde des vidéos de rémission radicale et se dit que cette épreuve changera sa vie pour le mieux. C’est celle qu’on nomme la guerrière, la combattante, la courageuse. Elle s’efforce de sortir courir malgré la fatigue, continue de boire son smoothie vert même si elle préférerait avaler quelques tablettes de chocolat et pratique la méditation pleine conscience chaque jour. C’est aussi celle qui serre très fort ses enfants dans ses bras avec un gros sourire, parce qu’elle a bien espoir d’être toujours présente dans 10 ans pour les voir grandir. 

Cette femme qui voit la vie en rose a des projets plein la tête et se dit qu’elle va utiliser cette épreuve pour changer le monde à sa façon.

Le visage triste du cancer

Il y a cette femme, de l’autre côté, qui représente la face cachée du cancer. Elle ressent beaucoup de peur, voir même de terreur. Elle contemple son visage vide dans le miroir et voit le cancer, cette maladie qui lui a tout pris. Les larmes coulent alors qu’elle consulte les statistiques de récidive pour les cancers triple négatif de stade 3 comme le sien. Elle est convaincue que sa vie est désormais terminée.
Elle ne se sent ni courageuse, ni guerrière. Elle se sent faible et lâche parce qu’elle n’a pas la force de traverser la maladie avec positivisme.

 Les effets secondaires des traitements la clouent au lit toute la journée, dans une épreuve qu’elle n’arrive plus à endurer. Elle mange ce qu’elle peut avaler, même si c’est bien mauvais pour la santé, puisque rien ne semble faire une différence de toute façon. Elle n’arrive même pas à regarder un film tellement les émotions sont envahissantes. Le cancer prend toute la place. 

La partie la plus déchirante pour elle est de serrer ses enfants dans ses bras, les larmes aux yeux, avec la peur complètement horrible de ne pas les voir grandir. Elle a tellement mal qu’elle pense parfois fermer les yeux et ne pas se réveiller. Heureusement que ses enfants sont là pour lui donner la force et la motivation nécessaires pour ne pas abandonner, car elle ne sait pas si elle y arriverait sans eux. Elle va même jusqu’à avoir des idées noires par moment. Elle souffre, en silence.

Deux visages, deux mondes opposés

J’aimerais dire que je suis toujours la première femme, mais ce serait mentir. Il y a des jours où la deuxième prend le dessus et où tout semble insurmontable. C’est ça la réalité du cancer. Il est parsemé de rose, de noir et de tout ce qui se trouve entre les deux. 

Même au milieu de cette tourmente, il y a des moments de résilience, de douceur et de courage qui jaillissent. Des instants où la femme qui voit la vie en noir trouve la force d’affronter une journée de plus, de se réconforter dans l’amour de sa famille et de puiser dans chaque instant présent pour en tirer de l’espoir. Elle se rappelle que la vie est faite de surprises et de possibilités, même dans les moments les plus sombres. Quand la route semble semée d’embûches, elle continue d’avancer, pas à pas, prête à saisir chaque lueur d’espoir et à faire face à chaque nouvelle journée.


Doucement, elle retrouve une vie un peu plus rose.

Il y a deux visages au cancer. On ne voit simplement pas cette deuxième image plus sombre dans les rues. Quand je me sens ainsi, je m’enferme dans mon sous-sol et j’attends que ça passe ou j’enfile un masque et je fais semblant d’être correcte. Je ne suis pas la seule à le faire. Le cancer est caché derrière une couche de maquillage, une perruque, une prothèse mammaire, un sourire forcé… On croise tous régulièrement des gens atteints de cancer, ou qui traversent une autre épreuve tout aussi difficile, sans s’en douter. À l’épicerie, au centre d’achat, dans la rue… C’est important qu’on lève le voile sur la face cachée de la maladie. 


Pour lire la suite de mon histoire : Un mariage post cancer

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