La ménopause après le cancer du sein
La ménopause après le cancer du sein est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. Des bouffées de chaleur à la perte de libido, explorons sans tabou les symptômes qui l’accompagnent.
Témoignage de Sarah Baril
Diagnostic de cancer du sein triple négatif de stade 3 en 2019
J’ai pris des somnifères hier soir avant de m’endormir, espérant obtenir une bonne nuit de sommeil réparatrice pour me remettre des émotions parfois accablantes qui accompagnent la maladie. Paisiblement, j’ai tombé dans un sommeil profond, puis le cauchemar est arrivé…
Je me trouve dans un ascenseur circulaire en métal tout au centre d’un grand immeuble luxueux en verre. À chaque étage, l’ascenseur fait un arrêt. Je sors alors précipitamment pour faire le tour de l’étage, essoufflée comme si j’avais tout juste terminé un marathon. Une foule de personnes m’entourent en m’applaudissant et en criant des encouragements :
« Allez, tu en es capable! Tu es magnifique, Sarah! Courage! »
Après avoir atteint le deuxième étage, je suis convaincue que je vais finalement rejoindre ma famille au troisième étage. Je veux tellement être près d’eux. Je monte dans l’ascenseur en direction du troisième étage, mais il continue à grimper.
« 4, 5, 6… »
Je veux atteindre le troisième étage, mais je n’y arrive pas! L’ascenseur refuse obstinément de s’arrêter, continuant sa montée de plus en plus vite.
« 7, 8… »
La panique m’envahie, quelque chose ne va pas. Je veux rejoindre ma famille à tout prix.
« Laissez-moi sortir ! »
L’ascenseur s’immobilise brusquement au neuvième étage, alors que le chiffre 9 clignote comme un signal d’alarme pour nous aviser que quelque chose de grave se produit.
À bord de l’ascenseur, il y a deux femmes dans la trentaine ou début de la quarantaine, ainsi qu’un vieil homme chauve. Bien que nous ne nous connaissons pas, nos regards se croisent, et nos mains se serrent. Nous sommes tous dans la même situation, absolument terrifiés. J’ai terriblement peur pour moi, pour eux… Puis un bruit retenti et l’ascenseur se met à chuter à une vitesse folle. Il est brisé. C’est la fin. Nous allons mourir. Nous sommes totalement impuissants.
Mon cœur se serre. Des larmes coule de mes yeux, je hurle « Non !!! » tout en agrippant les rampes sur les côtés de l’ascenseur de toutes mes forces. Pendant cette chute libre, je vois à travers les vitres les visages des gens hurlant « Sarah!!! Non!!! ». Mon mari et mes enfants sont en pleurs, les mains pressées contre les vitres qui nous séparent. Ils sont impuissants eux-aussi. Mon corps flotte soudainement dans les airs tellement la chute est rapide. Je n’ai aucun contrôle, je perd conscience doucement. Je vais mourir.
L’ascenseur heurte le sol de plein fouet et tout devient noir. Je suis morte.
Je me suis réveillée à ce moment précis, les joues trempées de larmes et le cœur qui bat à toute allure. Difficile de ne pas faire le lien avec ma situation actuelle. Les gens qui m’encouragent, me disent que je forte, courageuse. Je grimpe, passe chaque étape et je désire de tout mon cœur rester auprès de ma famille. L’étage #3 dans l’ascenseur, celui que je visite régulièrement à l’hôpital pour mes traitements et mes consultations avec l’oncologue. Les inconnus avec lesquels je développe des liens puissants, à l’hôpital ou sur les réseaux sociaux, alors que nous traversons des épreuves similaires. Le manque de contrôle sur ma vie, la douleur ressentie par mes proches, et en fin de compte, cette terrible peur de mourir qui me hante constamment.
J’ai fermé les yeux et pris le temps de respirer, de me concentrer sur le positif. Ce n’était qu’un rêve, mais il reflétait bien mes angoisses. Je ne veux pas vivre dans la peur et la tristesse. J’ai inspiré profondément pour chasser l’anxiété à chaque expiration. J’ai choisi de me concentrer sur le positif. Ma chirurgie s’est bien déroulée. La chirurgienne avait fait un excellent travail. Ma réponse à la chimiothérapie est favorable, ma masse a considérablement régressé. J’ai franchi deux étapes majeures. Dans quelques semaines, la chirurgie ne sera plus qu’un souvenir et je retrouverai progressivement ma mobilité. L’été est à nos portes. Les enfants vont s’amuser à l’extérieur. Nous allons passer l’été en famille.
Je me suis levée, j’ai savouré un bon café bien chaud et j’ai décidé de passer une belle journée. Aujourd’hui est un nouveau départ. J’oublie hier et je regarde vers l’avenir. C’est ça l’essentiel, ne pas laisser les émotions négatives prendre le dessus trop longtemps.
Un message à tous ceux et celles qui ont le cœur lourd, quelle que soit la raison : demain sera un jour meilleur. Laissez sortir vos émotions, essayez de vous concentrer sur les belles choses qui font partie de vos vies. Le soleil finira par réapparaître, tout doucement. L’angoisse, l’anxiété et la peur de mourir sont des visiteurs normaux de temps en temps. Il ne faut simplement pas les laisser prendre toute la place, surtout lorsque nous avons souvent peu de contrôle sur la situation.
Même si nous avons peur de mourir, nous y ferons tous face un jour. Est-ce que l’angoisse et la pensée constante de la mort changeront quelque chose à notre destin? Non. Malheureusement, ça nous empêchera seulement de profiter de la vie tant qu’elle est là.
Pour lire la suite de mon histoire : Les deux visages du cancer
La ménopause après le cancer du sein est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. Des bouffées de chaleur à la perte de libido, explorons sans tabou les symptômes qui l’accompagnent.
J’ai reçu mon diagnostic de cancer du sein inflammatoire en février 2017, à l’âge de 45 ans. Je sais que certaines personnes sont plus jeunes que moi lorsqu’elles reçoivent un tel diagnostic, mais le monde s’est effondré pour moi, et la vie ne sera plus jamais la même.
Je venais tout juste d’avoir 30 ans, un mari extraordinaire et 2 garçons incroyables de 3 et 5 ans. On m’arrachait mes rêves, mon avenir…