La ménopause après le cancer du sein
La ménopause après le cancer du sein est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. Des bouffées de chaleur à la perte de libido, explorons sans tabou les symptômes qui l’accompagnent.
Témoignage de Sarah Baril
Diagnostic de cancer du sein triple négatif de stade 3 en 2019
Veuillez noter que cet article est basé sur une expérience personnelle et ne constitue en aucun cas un avis médical. Avant de prendre une décision, il est essentiel de consulter un professionnel de la santé.
À travers le parcours médical comprenant la chimiothérapie, les rencontres avec l’oncologue, les scans, la médication, et bien plus encore, la planification de la mastectomie se met lentement en place. Un rendez-vous est pris dans une clinique de chirurgie plastique pour explorer les différentes options de reconstruction mammaire disponibles.
En entrant dans cette clinique de chirurgie plastique, située non loin de l’hôpital, je suis tout sauf dans mon élément. À première vue, elle semble tout à fait ordinaire de l’extérieur, mais une fois à l’intérieur, elle dégage une atmosphère luxueuse digne d’un film. Je n’avais jamais eu l’occasion de visiter un centre de chirurgie plastique avant ce jour. Bien sûr, j’avais déjà eu des petites pensées passagères à l’idée de subir une intervention pour corriger certaines imperfections, comme toutes les jeunes femmes qui ont certains complexes. Cependant, ces idées n’avaient jamais été plus que de simples pensées.
En entrant, je suis frappée par l’ambiance générale de l’endroit. Des images de traitements au Botox, de visages d’une « perfection » stéréotypée, et des slogans accrocheurs vendant le rêve d’une transformation miraculeuse de notre corps… Une petite machine à expresso est mise à disposition pour les clients, et des fauteuils en cuir créent une ambiance digne d’un spa.
Je tiens à préciser que je n’ai aucun jugement envers les femmes qui décident d’opter pour des chirurgies esthétiques. Chacune est libre de faire les choix qui lui conviennent le mieux, que ce soit pour corriger des complexes ou, comme dans mon cas, pour faire face à une maladie qui a altéré mon apparence.
A cet instant, je me sens chauve, cernée, anxieuse à cause de ce cancer qui occupe une place trop importante dans ma vie. Je me trouve terriblement laide sans sourcils, puis mon corps est faible, malade. Je porte un jogging, une veste ouatée, et une tuque pour protéger mon crâne du froid. J’attends dans un fauteuil, avec cette sensation d’être dans un autre monde où l’on me fixe du regard. La semaine dernière, j’étais à l’hôpital, entourée de patients atteints de cancer qui luttent pour leur vie, et aujourd’hui, on m’envoie « choisir » les seins que je veux. Tout cela me semble si étrange.
Une jeune femme en blouse blanche, aux cheveux longs d’un blond resplendissant, à la peau parfaite, et avec un grand sourire, vient à ma rencontre. Nous nous installons dans son bureau. Elle consulte mon dossier, parle de ma situation, et commence à discuter des options de reconstruction mammaire qui s’offrent à moi. Je garde le silence, j’attends, j’écoute, j’observe. Je reste ouverte à la découverte des options, bien que je sache déjà ce que je veux.
Elle me présente diverses prothèses en silicone, des anciennes, aujourd’hui déconseillées en raison de rares cas de cancer associés, ainsi que les nouvelles prothèses en silicone, plus lisses et sans rappels. Elle évoque également les différentes options de reconstruction utilisant les propres tissus du patient.
À ce stade, je ne sais pas encore si un ou les deux seins seront retirés. Des tests génétiques sont encore à venir. Ce que je sais, c’est que lors de la mastectomie, le mamelon sera retiré. Donc, si je choisis une reconstruction, on pourra ensuite tatouer la poitrine pour simuler un mamelon, bien que cette option est purement esthétique puisqu’il n’y aura aucune sensation au niveau mamelon. J’ai déjà vu des tatouages de ce genre, et je dois admettre qu’ils sont réalisés par de véritables artistes. C’est à s’y méprendre. Voici donc les options qui me sont présentées.
Les expanseurs peuvent être posés lors de la mastectomie. Ils sont placés derrière ou sous le muscle pectoral, agissant comme des ballons pour étirer la peau et le muscle. Ils sont progressivement gonflés à la taille souhaitée à l’aide d’une petite tige insérée dans le sein et d’une seringue de solution saline. Lors d’une deuxième intervention chirurgicale, généralement environ un an plus tard, les ballons sont retirés et remplacés par des prothèses en silicone. Il s’agit de l’option la plus courante. Au niveau des risques, ils sont relativement connus. Rupture des implants ou capsulite sont les plus communs, alors que le risque de réaction d’allergie ou d’hypersensibilité est plutôt rare.
Une autre possibilité est la reconstruction par transfert de tissu DIEP, qui implique la prise d’une portion de graisse et de peau de la région abdominale pour créer des seins à partir de ses propres tissus. Cette méthode peut donner un résultat très naturel, car elle évite l’utilisation de corps étrangers. Cependant, elle nécessite une intervention chirurgicale plus longue qui peut avoisiner 8 heures et même plus parfois, et laisse une cicatrice allant d’un côté à l’autre de l’abdomen. Bien que rare, il existe un certain risque de nécrose si la vascularisation n’est pas optimale, un élément à prendre en compte avant de prendre une décision.
Une troisième option consiste à utiliser le muscle grand dorsal, que l’on « déplace » vers l’avant en passant par l’aisselle. Cette intervention est généralement plus courte, d’environ 3 à 4 heures. Cependant, elle comporte également des risques, comme toute intervention chirurgicale. De plus, elle implique la suppression d’un muscle dorsal parfaitement sain, ce qui nécessite une réadaptation spécifique. Encore une fois, il s’agit d’une option naturelle puisqu’elle utilise les propres tissus de la patiente, sans recourir à des prothèses.
L’option de reconstruction à plat, également appelée « fini plat », est une alternative à la reconstruction mammaire traditionnelle après une mastectomie. Contrairement aux autres options qui impliquent l’utilisation d’implants ou de tissus prélevés ailleurs dans le corps pour recréer la forme du sein, la reconstruction à plat consiste à ne pas reconstruire le sein du tout, laissant la poitrine plate. Je comprends totalement que cette option soit encore plus difficile pour certaines, mais je m’interroge sur le fait qu’elle ne soit généralement pas proposée d’emblée, notamment compte tenu de son faible impact sur la santé de la patiente. Au niveau des complications, il s’agit de l’option avec le moins de risque.
Je ne peux parler du fini plat sans vous inviter à visiter la page Facebook « Tout aussi femme », créée par Marie-Claude, qui nous a malheureusement quittés depuis, pour en apprendre davantage sur ce sujet. C’est une ressource précieuse qui a été, et est encore aujourd’hui, d’une grande inspiration pour de nombreuses femmes.
Aujourd'hui, j'ai envie de porter la cicatrice qui symbolisera ma lutte pour la vie. Une cicatrice qui me rappellera chaque jour que j'ai surmonté une épreuve majeure et que je possède une force intérieure inestimable. J'ai choisi la reconstruction à plat.
Lorsque l’on opte pour un finit plat à l’âge de 32 ans, on suscite souvent l’étonnement. On entend des questions telles que : « Es-tu sûre de toi? Tu vas le regretter. Pourquoi ne pas opter pour une prothèse externe au moins? Ton conjoint n’est pas gêné par ton choix? Tu aurais pu avoir une nouvelle paire de seins gratuitement ».
On a parfois l’impression d’être poussé à choisir un certain type de chirurgie, et il y a encore un long chemin à parcourir dans notre société à ce sujet. Les pressions sont parfois très pesantes, voire maladroites. Heureusement, de nombreux témoignages magnifiques de femmes ayant fait des choix variés existent pour nous permettre de faire notre choix en pleine conscience. Chacun peut prendre une décision éclairée en fonction de ses besoins et de ses valeurs. L’essentiel est de faire un choix réfléchi et de se sentir à l’aise avec celui-ci. Il faut aussi se rappeler que la beauté réside dans tous les corps, et que les cicatrices ne sont que des témoignages de notre force intérieure.
Aujourd’hui, je regarde mon corps avec ses vergetures liées à mes grossesses, mon ventre étiré, mes petits seins moins fermes et ma cellulite, et je le trouve parfait tel qu’il est. J’aurais aimé avoir cette perception de moi-même plus tôt. Parfois, il faut sentir que l’on peut tout perdre pour comprendre que tout ce que nous avons est déjà parfait.
Soyez fiers de votre corps, quelles que soient les marques qu’il porte. Ces marques ne sont que des œuvres d’art qui racontent l’histoire de votre vie.
Pour lire la suite de mon histoire : Ma mutation génétique
La ménopause après le cancer du sein est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. Des bouffées de chaleur à la perte de libido, explorons sans tabou les symptômes qui l’accompagnent.
J’ai reçu mon diagnostic de cancer du sein inflammatoire en février 2017, à l’âge de 45 ans. Je sais que certaines personnes sont plus jeunes que moi lorsqu’elles reçoivent un tel diagnostic, mais le monde s’est effondré pour moi, et la vie ne sera plus jamais la même.
Je venais tout juste d’avoir 30 ans, un mari extraordinaire et 2 garçons incroyables de 3 et 5 ans. On m’arrachait mes rêves, mon avenir…