La ménopause après le cancer du sein
La ménopause après le cancer du sein est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. Des bouffées de chaleur à la perte de libido, explorons sans tabou les symptômes qui l’accompagnent.
Témoignage de Sarah Baril
Diagnostic de cancer du sein triple négatif de stade 3 en 2019
Je suis assise dans mon fauteuil d’hôpital, les yeux fixés sur le sac rouge qui sera bientôt administré directement dans mes veines. Ce liquide, c’est de l’Adriamycin, un poison pour les cellules à croissance rapide. Il tue également les cellules saines, ce qui est la raison pour laquelle je vais perdre mes cheveux. Il comporte des risques pour le cœur, et la liste des effets secondaires est plutôt terrifiante, mais c’est aussi ma meilleure chance de combattre la masse de près de 7 cm qui se trouve dans mon sein droit.
Aujourd’hui marque le premier jour de ma chimiothérapie.
Je ne prend même pas de Tylenol quand je suis malade. La fille grano qui a peur de tout ce qui vient de l’industrie pharmaceutique doit passer par dessus bien des préjugés pour laisser sa vie entre les mains de la médecine traditionnelle. Je suis totalement hors de ma zone de confort et je trouve ça terrifiant.
Est-ce que je vais réagir? J’ai entendu dire qu’on pouvait y être gravement allergique. Je suis déjà réactive à tout, alors c’est certain que ça me fait peur. Et si la chimiothérapie était plus dangereuse que mon cancer? Est-ce que c’est vraiment la meilleure option? Mon cerveau roule à 100 milles à l’heure.
À ma droite, une femme magnifique porte un joli chandail rose qui attire mon attention. Elle rayonne de beauté avec son petit coco brillant. Elle me jette un regard et m’adresse un sourire rempli de compréhension et de bienveillance. Ça me fait du bien. Ça rend le tout plus sympathique et moins intimidant.
Juste en face de moi, un homme d’affaires impeccablement habillé travaille à son ordinateur portable. Il semble tellement bien maîtriser la situation. Il en profite même pour répondre à des appels professionnels pendant son traitement! Je n’avais pas l’impression qu’on pouvait continuer de faire ce genre de choses en pleine chimiothérapie. Ça me rassure.
Un couple de personnes âgées pénètre dans la salle, et l’homme s’installe dans le fauteuil à côté du mien. Il m’adresse un beau sourire. Sa femme s’assoit sur une chaise à ses côtés et lui serre la main. Je peux lire leurs pensées dans leurs yeux. Ils estiment que je suis bien trop jeune pour lutter contre un cancer. J’ai plusieurs regards comme celui-là depuis mon entrée. 32 ans n’est pas la moyenne d’âge pour l’unité d’oncologie. Malheureusement, de plus en plus de jeunes sont atteints de cancer. Je n’ose même pas imaginer en unité d’oncologue pédiatrique. C’est si triste d’imaginer des enfants avec le cancer…
Je perçois aussi la peur dans le regard de la dame. Elle s’inquiète profondément pour son mari. Elle l’aime infiniment et redoute de le perdre, c’est évident. Mon cœur se serre en réalisant qu’à leur âge, il devra traverser des mois d’effets secondaires. C’est également son premier jour de chimio.
L’infirmière s’approche de moi et vérifie si mon cathéter est correctement positionné, car il est essentiel que le produit ne s’échappe pas de ma veine. On m’explique qu’il est impératif que je signale immédiatement la moindre sensation de brûlure ou de picotement autour du site d’injection. Je comprends pourquoi. J’ai vu des images du bras d’une jeune femme gravement brûlé par la chimiothérapie, et je peux vous assurer que ce n’était pas une vision réconfortante. Heureusement, c’est très rare. Il est tout de même étrange de penser qu’un liquide aussi dangereux, au point de provoquer des brûlures graves, sera directement injecté dans mon système sanguin.
Ça y est, le liquide rouge écarlate s'écoule du sac, descendant le long du tube en direction de mon bras. Il se rapproche de plus en plus rapidement. Mon cœur s'accélère, je jette un regard à mon conjoint, je ferme les yeux et prends une profonde inspiration. Le liquide rouge pénètre dans ma veine. La bataille commence…
Au mélange initial s’ajoutent des médicaments anti nausées, de la dexaméthasone et une solution de réhydratation pour diluer le mélange. Jusqu’à présent, tout se passe assez bien. La poche rouge se vide tranquillement, puis on la remplace par un deuxième traitement, du cyclophosphamide. Ce dernier interfère avec mon ADN pour empêcher la reproduction des cellules cancéreuses, ou quelque chose du genre. Ce sont des termes qui m’intimident. J’ai du mal à croire que j’en suis arrivée là. Est-ce que je prends la bonne décision? Qui peut le dire. Tout ce que je veux, c’est tenter de survivre.
Deux heures plus tard, la séance du premier traitement est terminée. Je dois admettre que cela s’est plutôt bien passé. Finalement, la chimiothérapie n’est pas si terrible!
Il est midi, j’ai l’estomac vide, et nous devons faire une heure de route pour rentrer à la maison. J’attrape un petit sandwich de l’hôpital pour la route, et c’est parti pour la maison!
Chez moi, je grignote un peu, je m’assure de boire beaucoup beaucoup d’eau tel qu’indiqué et je m’installe pour la soirée.
À 22:00. La fête est finie, et je n’ai plus de plaisir. C’est la pire nausée de ma vie. Je n’arrive pas à vomir. Les médicaments contre les nausées font leur travail en m’empêchant de me soulager. Je veux vomir pour éliminer ce produit qui m’empoisonne.
Je passe la nuit accroupie devant les toilettes, souffrant d’atroces nausées. La petite pilule orange de secours contre les nausées s’avère inefficace. Mon corps n’apprécie guère la situation et tente désespérément de se débarrasser des toxines. Je suis épuisée, étourdie, et je commence à comprendre pourquoi on répète sans cesse qu’il faut être fort pour endurer la chimiothérapie.
Les jours 2, 3 et 4, je me contente de grignoter des biscuits soda et de passer mes journées alitée. J’ai l’impression qu’un camion m’a écrasée. Mon cœur bat rapidement, au point où j’ai peur qu’il ne lâche. Je comprends peu à peu que cela est probablement dû à la petite pilule blanche carrée, la dexaméthasone. Elle est efficace contre les nausées, mais c’est aussi un corticostéroïde connu pour augmenter la fréquence cardiaque, provoquer de l’insomnie, de l’anxiété, et donner envie de dévorer tout un pot de caramel (rages de sucre). Les jeunes patients ont souvent du mal à la tolérer, ce qui semble être mon cas.
Mon infirmière pivot m’appelle, et je lui fais part de mes inquiétudes. Elle m’explique que l’accélération des battements cardiaques est normale, car mon taux d’hémoglobine est considérablement réduit, ce qui oblige mon cœur à pomper davantage pour fournir suffisamment d’oxygène. Associée à la dexaméthasone, c’est un cocktail idéal pour nettoyer les plafonds à 3 heures du matin. On me prescrira d’autres médicaments pour la prochaine séance, ainsi qu’un traitement anti nausées plus efficace et une possible réduction de la dose de Décadron (dexaméthasone).
Au bout d’une semaine, les nausées se calment, et je parviens à être un peu plus active.
Le jour 6, je me sens enfin revivre! Je passe une bonne nuit de sommeil, je fais le ménage, je cuisine, je reste active toute la journée… Les nausées sont bien maîtrisées grâce aux comprimés de secours, et les pires effets semblent être derrière moi. Je respire enfin. Je me dis que si je peux profiter d’une belle semaine avant la prochaine séance, tout cela sera plus supportable.
Ça peut sembler décourageant, mais je suis consciente que mon corps est particulièrement sensible. Je n’attendais rien de moins que toute une montagne d’effets secondaires. Ce n’est vraiment pas le cas pour chacun. Certaines personnes n’ont aucune nausée. Tout le monde réagit de manière unique aux différents traitements.
Au bout du compte, si cela peut tuer le monstre qui a envahi mon sein, alors qu’on m’administre la prochaine dose!
La ménopause après le cancer du sein est beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense. Des bouffées de chaleur à la perte de libido, explorons sans tabou les symptômes qui l’accompagnent.
J’ai reçu mon diagnostic de cancer du sein inflammatoire en février 2017, à l’âge de 45 ans. Je sais que certaines personnes sont plus jeunes que moi lorsqu’elles reçoivent un tel diagnostic, mais le monde s’est effondré pour moi, et la vie ne sera plus jamais la même.
Je venais tout juste d’avoir 30 ans, un mari extraordinaire et 2 garçons incroyables de 3 et 5 ans. On m’arrachait mes rêves, mon avenir…